Coucou les amis !

Après l’interview d’Harlan Coben dimanche passé, je vous propose la deuxième interview que j’ai faites à la foire du livre de Bruxelles ! Et on continue avec quelqu’un d’adorable : Cindy Van Wilder ❤ D’ailleurs, elle est assez longue cette interview !

Je me demande si on ne pourrait pas plutôt parler de discussion ??

Rendez-vous était cette fois donné à 13h45 devant le stand de Gulf Stream. Cindy est arrivée à l’heure toute souriante et en famille ! D’ailleurs pour vous dire la vérité on a su qu’elle arrivait parce qu’on avait repéré son rire de loin ^^ On s’est installé dans le petit salon réservé aux auteurs et c’était parti pour une grosse heure de discussion !

1. Comment définirais-tu Memorex en trois mots seulement ?

Huis-clos et thriller…

2. Tu aborde beaucoup de thèmes dans ce livres : Amitié, famille, secret de famille même, manipulations humaines,… Ce sont des thèmes qui te sont chers, qui te touche dans la littérature ?

De toute manière tous les thèmes que je peux traiter dans mes romans, que ce soit Memorex ou les autres, me touchent d’une manière ou d’une autre. Soit parce que je les ai vécu moi-même, soit parce que, voilà, je désirais les traiter ou même les deux. Donc oui, il y avait cette volonté d’introduire des petits clins d’oeil, ce que j’aime bien faire dans mes bouquins, à des œuvres qu’on peut considérer comme classique. Ici je ne spolierais pas pour Memorex mais tous ceux qui l’ont lu pourront le découvrir. Et donc il y avait un petit peu cette volonté de faire un clin d’oeil et pourquoi pas de dépoussiérer un peu ces thèmes et de les traiter de manière un peu plus actuel.

3. Et puis, il est question d’attentat aussi… Chose qui se passe dans notre quotidien malheureusement. Ce sont ceux de Paris, Bruxelles qui t’ont inspiré ?

En fait ça a été une coïncidence. C’est vrai que c’est un thème qui a pris beaucoup d’importance avec les événements de Paris et puis à ce moment là j’étais en pleine correction de Memorex. Et puis Bruxelles par la suite… Mais en fait je pense que c’est malheureusement un thème universel puisqu’il faut bien se rendre compte aussi que dans d’autres parties du monde les attentats sont beaucoup plus courants et quotidiens que ce que nous avons vécu. Non pas pour minimiser l’importance de ce que nous avons vécu mais simplement… Ce n’était pas en référence à des événements en particulier, c’était tout simplement aussi pour montrer que, malheureusement, la violence est partout et pour être utilisé à tout moment et le fait de partir justement sur cette base là, d’en faire le point de départ de Memorex, montrait la non-importance que certaines personnes peuvent accorder à la vie humaine.

4. Comme c’était au moment des attentats de Paris, tu t’es demandé si tu devais le laisser ? Le retirer ? Décaler la sortie ?

A ce moment là c’était trop tard pour le réécrire. Et de toute manière je ne pense pas qu’une histoire doive quelque part être censuré en relation avec certains événements si malheureux soient-ils. Je pense aussi que faire le silence et avoir des nons-dits sur certains thèmes peuvent encore être plus destructeurs quelque part. Oui il faut en parler, oui il faut se poser des questions, se poser des réflexions même. Mais de toute manière, de manière pratique aussi, je pense qu’avec mon éditeur nous étions claire qu’il n’y aurait pas de sortie décalée ou de silence là-dessus.

5. Au début du livre, tu laisses le lecteur un peu perdu, confus… Est-ce pour toi un moyen de faire monter la pression ? A nous mettre dans l’ambiance ?

Moi j’aime bien aussi quand le lecteur peut se retrouver un peu perdu quitte à le faire rechercher un petit peu le file rouge, un peu comme dans Alice aux pays des merveilles qui au départ ne sait absolument pas ce qui lui arrive. J’aime beaucoup… C’est ce que j’ai fait avec les Outrepasseurs aussi, j’ai plongé le lecteur dans quelque chose auquel il ne s’attendait pas du tout et puis je pense que c’est un des plaisirs de l’écrivain de pouvoir surprendre son lecteur !

6. Et puis, on en apprend plus grâce à des flash-backs… C’était plus facile comme ça ? Que de démarré par le début directement ? Comment as-tu choisi la façon d’amener les choses ?

Mais je trouve que la méthode des flash-backs en fait donne justement des aperçus que je ne pourrais pas donner autrement dans un récit strictement linéaire. Je pense que ça rajoute du background et de la richesse à cette histoire, ça permet de voir les réactions de pleins d’autres personnes, pas seulement de Rhéa, Aiki, etc mais aussi par exemple d’un pompier qui arrive et qui donne aussi un petit indice sur ce qui se passe réellement sans trop en dévoiler. Et puis aussi Kassa qui m’a beaucoup beaucoup touchée, c’est un personnage des plus ambivalent et hônnetement c’est ce que j’aime avec mes personnages aussi, ils ne sont jamais ou tout blanc ou tout noir, ils sont dans les nuances de gris. Et voilà moi ce qui me plaît c’est explorer l’âme humaine avec ce qu’elle peut transporter de zones de lumière et d’ombre.

7. Les personnages de Kassa, Cameron et Mike sont un peu fous… Ou en tout cas ce qu’ils ont fait ou qu’il veulent faire l’est… C’est une chose qui te travaille, qui t’interpelles ? Jusqu’où est prêt à aller l’humanité ?

Absolument, c’est quelque chose, je pense, qui interpelle un peu tous les artistes c’est de voir quelles limites on peut repousser et surtout à quel prix on peut le faire. Et je pense, dans ce thème, que l’on ne dévoileront pas pour pas spolier, que dans les prochaines années, les prochaines décennies nous assisterons à quelque part une modification de l’humanité. On est déjà en train de le voir avec certaines inventions. Et c’est une question qui va se poser de plus en plus oui… Et Memorex est aussi une réponse à ça de ma part 🙂

8. Il a été nominé pour plusieurs prix aussi… Qu’est-ce ça fait ? Réellement plaisir ou c’est juste un petit « truc » en plus comme ça ?

Cindy éclate de rire…

Ah mais non ! Tu ne peux pas me poser cette question !

Bien sûr que ça fait plaisir ! Ça fait hyper plaisir !

Qu’est-ce que tu ressens quand tu apprends que…

Ben d’abord beaucoup de joie, beaucoup de bonheur, parce que ça signifie aussi que l’oeuvre a pu toucher le publie et ça pour un auteur c’est le plus important. Que ce soit par le ressenti d’un lecteur, par le mail d’une bibliothécaire, qu’on m’invite à un salon, ou qu’on me dise voilà il est nominé pour un prix… Tout ça ce sont des manifestations de reconnaissance et de voir que le livre touche son public, ça c’est quelque chose qui me prends au coeur. Je dis souvent en fait que vous êtes, tous mes lecteurs, tout ceux qui viennent me voir, qui me demandent des signatures, tout simplement qui me demande des interviews, vous êtes vraiment le plus beau cadeau qu’un auteur puisse avoir…

Donc oui, ça fait extrêmement plaisir :p

9. Tu est passé d’un trilogie à un tome unique… C’est différents comme matière de travail je suppose ?

Absolument, oui, absolument…

C’est quoi la différence ?

Ben d’abord d’un point technique tu ne peux pas envisager une trilogie ou même une saga comme j’ai fait avec les Outrepasseurs de la même manière que tu vas envisager un tome unique. Avec Memorex, je voulais vraiment quelque chose qui soit dans l’immédiat, et aussi que le rythme prenne tout de suite, d’autant plus que c’est un thriller donc forcément il fallait que le rythme soit maintenu de manière constante. Autant avec les Outrepasseurs je pouvais prendre mon temps pour certains événements quitte à faire après des poussées d’adrénaline, autant ici il fallait que je garde le rythme constamment.

10. Comme beaucoup d’auteure, tu es une grande lectrice aussi. Alors d’abord, penses-tu qu’il faille beaucoup lire pour pouvoir écrire ? Et puis, à quel point penses-tu que tes lectures influencent-elles ton écriture ?

Alors en fait je ne dirais pas qu’il y a une obligation de lire beaucoup pour écrire ! J’ai connu des auteurs qui pour X raisons ne lise pas spécialement beaucoup et je ne me permettrais pas de juger leurs oeuvres sur ce seul critère. Par contre ce que je trouve intéressant, c’est de lire mais de sortir de sa zone de confort, de sortir de ses lectures habituelles, des registres qu’on aiment bien, des genres qu’on affectionne, parce que je pense qu’il y a une richesse aussi à lire dans tous les domaines. En tant que lectrice je vois la différence de ne pas lire que de l’imaginaire mais d’aller vers le contemporain, l’historique et le polar, ça apporte de la richesse pour toi et ta culture mais aussi en tant qu’auteure.

Et oui ça a une influence, certainement. Sur le contemporain que je suis en train d’écrire, je le sens d’ailleurs !

11. Tu est Belge, tu vis en Belgique, mais tu es édité par une Maison d’édition Française… C’est une histoire d’affinité ? De hasard ? De rencontre ?

Un peu des trois 🙂 Quand j’ai commencé à soumettre les Outrepasseurs à des Maisons d’éditions, celle qui acceptaient de l’imaginaire à cette époque, parce que quand même on remonte dans une époque où le Young adult n’était qu’au début, d’ailleurs je ne le connaissais pas non plus spécialement… J’ai commencé à vendre mon roman à des Maisons qui vendaient de l’adulte imaginaire. Et le hasard, la rencontre, la chance a voulu qu’il atterrisse sur le bureau de Gulf Stream… Je ne me suis pas poser la question de la nationalité, j’avoue, et de toute manière j’étais déjà impliquée dans une communauté où il y avait une majorité de Français. Par contre, le prochain roman se passera en Belgique et dans ma région !

12. Tu aimes lire de tout si je ne me trompe pas… Et tu écris de l’imaginaire et du thriller… As-tu envie, à court ou moyen terme, d’écrire d’autre genre encore ? De la romance ?

Alors de la romance, j’en ai écrit, et ça a été publié d’ailleurs. C’était de courts novelas mais ils ne sont plus vraiment disponible à la publication, mais j’en ai écrit et j’ai trouvé l’exercice intéressant. Maintenant ce que j’aime s’est relevé d’autre défi. Là par exemples je te parle de mon contemporain, ça s’est encore un autre défi même si c’est du young adult. Je ne sais pas où l’avenir me poussera mais c’est sûr que j’aime bien ne pas me cantonner à un seul genre, j’aie vraiment explorer de tout, d’ailleurs c’est un des plaisirs de l’écriture !

13. En parlant d’imaginaire, tu as écrit les Outrepasseurs aussi. Tu peu nous dire un peux de quoi ça parle ? D’où t’est venu l’idée ?

Les outrepasseurs ça a été une conjugaison de plusieurs éléments. D’abord il faut remonter à la sortie cinéma du premier volet de la trilogie des Seigneurs des anneaux. A ce moment là, avant de rentrer dans la salle, je dois dire que ma culture de l’imaginaire était nul ou presque ! Et quand j’ai vu ce film je me suis pris une claque ! Ça fait partie de ses moments, auxquels tu ne t’attends pas, ou tu tombes en amour avec quelque chose, avec une idée, avec un univers, avec une inspiration, un genre,… Dès ce moment je me suis plongé dans l’imaginaire et j’ai adoré la manière de pouvoir décrire des univers, j’ai lu pas mal d’auteurs francophone ou non,… Donc c’est vraiment une culture dans laquelle je me suis immergé.

Et quelque part, j’ai conjugué cet univers avec d’ancienne inspirations comme Le roman de Renard qui est mis en exergue dans les outrepasseurs. Et j’ai aussi voulu dépoussiérer les comtes et légendes et les débarrasser du vernis que Disney a mis dessus et les faire revenir à leurs états originels,  parce qu’on se rend vite compte qu’on est loin de l’image de Disney quand on les regarde du point de vue du départ. J’avais envie de retrouver cette sauvagerie, cette ambivalence, ce glamour de la féerie et en même temps toute sa cruauté et sa amoralité, voir des êtres qui n’ont pas du tout la même conception du bien et du mal que l’on peut avoir.

Et voilà, ça a été le point de départ des Outrepasseurs qui m’a mené vers des horizons que je ne soupçonnais absolument pas. Mais c’était vraiment une expérience et une aventure incroyable !

Tu a su tout de suite combien de tomes tu allais faire ?

Absolument pas ! Bon on était quand même parti sur l’idée d’un trilogie mais c’est vrai que quand j’ai soumis l’idée d’un tome 4 à mon éditeur je pense que je les ai pris complètement par surprise. Ils se demandaient si c’était un tome 4, un spin-off, c’est autre chose ??? Ben c’est les deux voilà 🙂 Non mais c’était un peu le défi et puis j’ai pris les lecteurs par surprise et donc voilà :p Mais je précise qu’il n’y aura pas de tome 5… C’est fini fini !

14. D’ailleurs d’où vient l’inspiration pour toi ? On dit souvent que pour écrire il faut vivre le plus de chose possible…

Je pense que l’écrivain est un inventeur, et pas seulement quand on parle de l’imaginaire… C’est un inventeur de sentiments, d’émotions, on ne peut pas avoir tout avoir vécu ce n’est pas possible ! Bien sûr on tire des choses de notre vécu, il y a des expériences personnelles qui passent, on ne peut pas ne pas les laissées filtrées à travers l’écriture mais non, on ne peut pas tout avoir vécu… Ou alors, on dit qu’on a tout fais et c’est une autobiographie. Dans ce cas il y aurait beaucoup moins d’écrivains ^^

Non l’écrivain est quelqu’un qui tire de son empathie la capacité de se connecter avec d’autre expérience que la sienne et c’est ça qui est très intéressant : C’est de voir comment tu vas rendre ces expériences, comment tisser ton histoire… C’est ça le vrai challenge !

15. Tu est très présente sur les réseaux sociaux, tu a un blog, une chaîne Youtube,… C’est important pour toi d’être aussi proche des gens, des lecteurs ?

En fait pour moi c’est un plaisir, c’est vraiment un grand plaisir. Pour moi c’est… Alors c’est ce que je disais plus tôt : Les réseaux sociaux c’est devenu naturel, organique. Je pense que de toute manière si tu te forces à le faire ça se voit ! Le truc auquel les écrivains sont confronté maintenant c’est qu’on leur dit tout de suite « Ah il faut créer une page Facebook, Twitter, etc » et c’est vrai que tout le monde n’a pas le goût de ses réseaux… Mais c’est vrai qu’avoir ces outils de communications, ça aide à tisser des liens.

Moi personnellement, j’y suis venu comme ça de manière naturel. J’ai commencé à découvrir Youtube et Booktube que je ne connaissais et j’ai trouvé ça génial. Et pas seulement parce que l’on pouvait parler de mes bouquins mais tout simplement parce que je voyais cette énergie et cette passion devant la caméra et c’est totalement fabuleux ! Je me suis prise au jeu mais je trouve que l’on vit dans une époque avec ses outils de communications… Je trouve ça un peu dommage de s’en priver ! Moi j’y trouve du plaisir, l’envie, etc pourquoi m’en priver ?? Mais je comprends que ça ne soit pas du goût de tout le monde.

16. Penses-tu, peut-être, que les blogs, chaîne Youtube, réseaux sociaux sont devenu important pour les auteurs ? Ou en tout cas, jouent un rôle important ?

Oui, totalement ! En fait ça aide un peu à déconstruire le mythe de l’auteur qui est dans sa tour d’ivoire, le vieux misanthrope avec sa tasse de thé son chat,… Quoique le chat et la tasse de thé c’est vrai ^^

Mais ça aide grandement c’est sûr, rien que pour construire des liens entre les auteurs, les lecteurs, les éditions,…

C’est un grand outil, après comme je le disais il ne faut pas que ça soit une obligation 🙂

17. Et la suite c’est quoi ? Il y a un quatrième tome des Outrepasseurs qui doit sortir. Tu nous en dit un peu plus ?

Je le définirais un peu comme la cerise sur le gâteau. La trilogie est bien finie parce qu’il y a une vraie fin, j’insiste là dessus. Mais si tu veux continuer l’aventure et bien il est là 😀 Je le compare au pousse-café à la fin du repas… C’est un petit plaisir que l’on peut s’offrir si on veut. Et en même temps c’est une coïncidence mais vu se qu’il se passe dans le monde en ce moment, notamment outre-Atlantique… Je trouve qu’il a une manière de raisonner avec l’actualité de façon parfois troublante. Mais en même temps il délivre un message d’espoir, c’est ce que je voulais 🙂

18. Et puis il y a un projet avec Agnès Marot aussi ?

Aaaaaah, je me demandais quand elle allait arriver celle-là ^^

On veut en savoir plus !

Mais je ne vais pas pouvoir en parler beaucoup…

Allez, donnes-moi un scoop !!!

Non non, sinon Agnès va me tuer et non merci ! Non pas sans l’accord de ma collègue 🙂

D’où vous est venu l’idée ? En discutant ou…

Ben totalement. On s’est laissée prendre au jeu ! On s’est dit voilà toi tu prends ce personnage moi celui-là et voilà… Mais je vous invite à découvrir les bandes annonces qu’Agnès et moi avons faites ! On s’est beaucoup amusée 🙂

Et on n’a pas encore d’éditeurs ni de dates ??

Non rien du tout. Le projet est en soumission chez plusieurs éditeurs et on attend des nouvelles… Tout ce que je dirais c’est que c’est un contemporain et que ça sera un tome unique…

Bon, pas de scoop alors ?

Héhé, non… Suite au prochain numéro 😉

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Voilà, c’est fini ! Avouez que ça a quand même été vachement intéressant, non ??

Je remercie évidemment grandement Cindy pour ses réponses, son temps, son énergie et sa gentillesse !!!!!

Elle vous a plu cette interview ?? Dites-moi tout !