Bonjour les amis,

On se retrouve pour un article pas comme les autres ! En effet, l’auteur Martin Michaud dont j’avais lu et chroniqué un de ces livres récemment – Sous la surface – Ma chronique ici – m’a accordé une interview à l’occasion de la foire du livre ! 

Rendez-vous était pris à 12h et je ne vous dis pas comme j’étais stressé ! Heureusement, l’auteur était très sympa et m’a mis à l’aise tout de suite. Bref, trêve de bavardage, allons-y !

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Vous venez du Québec et vous avez décidé de vous faire éditer par une maison d’édition Belge. Comment passe-t-on du Québec à la Belgique ? Connaissiez-vous la maison d’édition avant ? Et connaissez-vous bien la Belgique ?

Alors, je suis effectivement depuis 2014 publié par les éditions Kennes, une maison d’édition Belge. Et en fait, c’est l’histoire d’un coup de foudre… J’avais déjà des contacts avec d’autres maisons Françaises et autres et puis Dimitri qui est le patron de la boite est un homme extrêmement convaincant et donc j’ai eu d’une certaine manière un coup de foudre amical et j’ai eu envie de travailler avec son équipe qui est dynamique et ça été une évidence que j’avais trouvé le bon éditeur pour défendre mes livres en Belgique.

Je connais peu la Belgique, c’est mon deuxième séjour dans ce pays. En 2015, j’étais déjà venu aussi pour la foire du livre et j’avais eu la chance d’aller à Bruges, Mons et à Namur, je connais donc un peu… Et je pense, grâce aux nombreuses rencontres que j’ai faites, que je connais beaucoup mieux les Belges et qu’ils sont, à mes yeux, comme les Québécois sympathiques, gentils et accueillants.

Vous n’avez écrit que des thrillers jusqu’à maintenant… C’est votre genre de prédilection je suppose ? Avez-vous eu envie ou déjà pensé à écrire un autre genre ?

Oui, en fait, j’ai commencé à écrire il y a très longtemps. Je suis publié depuis 2010 mais j’ai travaillé 20 ans comme avocat d’affaires, et j’ai écrit pendant ce temps écris deux romans qui n’étaient pas des thrillers/Policiers mais qui ont été refusés par toutes les maisons d’édition. Donc, il n’est absolument pas impossible que dans le futur j’écrive d’autres romans différents qui ne soient pas des thrillers…

Vous écrivez, faites de la guitare, chantez, travaillez pour le cinéma et la télévision,… Vous avez peur de vous ennuyer ou vous êtes un boulimique de travail ?

(Il rit)… Je pense que… Oui, un boulimique de travail peut-être mais d’abord et avant tout un créateur, et un créateur ça a envie de toucher à tout, ça a envie d’explorer plusieurs possibilités. C’est doté d’une grande curiosité et c’est sans doute pour ça que j’ai touché à la fois à la musique, que je travaille présentement à écrire des romans et à scénariser pour la télé et je revendique la possibilité de jouer sur plusieurs tableaux. Et en bout de ligne, ce qui m’intéresse, c’est de raconter des histoires et de créer.

Quel différence y’a-t-il entre écrire un roman ou un scénario ?

En fait quand on écrit un roman, on est le seul maître à bord, c’est à dire que personne n’intervient dans le processus de création. Bien sûr, on a ensuite des relecteurs qui nous font des propositions de modifications, mais ça reste un travail solitaire. Écrire pour la télévision, c’est avoir des dizaines de personnes qui regardent par-dessus ton épaule pendant que tu es occupé à écrire comme les producteurs (souvent deux ou trois), le diffuseur (encore deux ou trois personnes), les conseillers à la scénarisation qui lisent et commentent. Et fondamentalement, comme il y a beaucoup d’argent en jeu, il y a beaucoup d’étapes où l’on doit essayer de satisfaire tout le monde. Et de façon plus pratique, dans le processus d’écriture comme tel, on n’a pas le luxe de la narration par contre on a le pouvoir de l’image. Il faut savoir s’adapter et adapter la façon dont on raconte l’histoire.

Vous avez eu beaucoup de prix. Que cela fait-il de recevoir ces prix tel que le Tenebris ? Cela rend fier ?

Oui, mais c’est surtout une espèce de forme d’encouragement. C’est un peu comme recevoir une tape dans le dos… En somme, on nous dit « Oui, c’est bien ce que tu fais, continue ! » et donc, oui, ça motive à poursuivre et ça nous encourage pour la suite.

Dans votre livre « sous la surface », vous parlez en trame de fond de la politique Américaine. Vous vous intéressez beaucoup à la politique en général et à celle des États-Unis en particulier ?

Je dirais que quand on vit dans un pays, pour moi c’est inconcevable de ne pas savoir ce qui se passe au niveau politique parce que c’est ça qui a une influence majeur sur notre vie de tous les jours. Donc, oui, je m’intéresse en général à la politique sans être un expert ceci-dit et quant à la politique Américaine, c’est vrai que je m’y suis beaucoup intéressé parce que je la trouve fascinante. Présentement, il y a les primaires avec Donald Trump qui est un personnage assez coloré et je ne suis pas expert sur les élections américaines non plus mais pour le roman, j’ai dû faire des recherches et j’ai rencontré un expert qui m’a aidé à façonner cette toile de fond.

Vous avez choisi un héros démocrate… Je suppose que ce n’est pas un hasard… Vous vous en sentez plus proche ? 

Oui, disons que si j’étais Américain et que j’étais appelé à voter, je voterais plutôt démocrate. Je dirais même certainement démocrate ! Disons que je suis plutôt de gauche… Les démocrates ne le sont pas forcément tous mais c’est ce qui s’en rapproche le plus, oui.

Dans ce livre, finalement, les choses vont assez vite, en 24h ! C’était décidé dès le départ ? Ça apporte plus d’intensité ?

Oui, je voulais raconter l’histoire d’une femme ordinaire, pour autant qu’on puisse considérer la femme dans candidat aux élections comme une femme ordinaire, qui vit une situation qui va bouleversée irrémédiablement le cours de sa vie. Et donc, je me disais, c’est fou comme les événements de quelques heures peuvent complètement transfigurer notre vie. Comme un accident finalement, ça pourrait avoir le même impact. Cela m’intéressait d’explorer ça, de voir comment le personnage allait réagir. Et c’est également une façon de créer une situation de tension intéressante pour le lecteur qui se sent pris dans un engrenage et a envie de tourner les pages.

Vous montrez aussi qu’il se passe beaucoup de choses pour élire un président. Que c’est un travail de longue haleine ?

Oui, tout à fait. On n’a souvent pas conscience à quel point chacun de ces candidats a besoin d’argent par exemple car la campagne coûte extrêmement cher ! On parle de million de dollars. Et on ne reçoit pas autant d’argent sans qu’on ait un historique, sans avoir été analysé sous tout rapport, et sans avoir envisagé toutes les possibilités. Et il faut faire du lobbying en plus, en effet…

Votre héros est en fait une héroïne. On ne voit pas tant que ça le candidat, vous le mettez de côté une bonne partie de l’histoire…

C’est vrai que, pour moi, le cœur du roman était ce personnage de Leah Hammett, c’est de sa perspective qu’on vit le roman et c’est pour ça aussi que c’est une narration au « je », si j’avais choisi une narration à la troisième personne alors là, effectivement, j’aurai probablement dû explorer davantage les autres personnages, aller dans d’autres directions et donc utiliser plus le personnage de Patrick Adams. C’était vraiment ce que je voulais, braquer la caméra sur Leah Hammet.

Vous parlez aussi de l’environnement, un combat important selon vous ?

Oui, et puis je trouvais intéressant de positionner le programme du candidat Adams vers cet enjeu-là. Bon, malheureusement, on en parle trop peu là-bas et c’est peut-être l’aspect le plus fictionnel du livre parce que ce point est très peu repris par la plupart des grands partis.

Comment écrivez-vous ? Vous avez une méthode particulière ? Une routine aussi ?

Oui. Je travaille généralement à la maison, où j’ai un bureau auquel je m’installe assez tôt au matin. Je fais une petite revue de presse, je regarde les infos et après je me mets à écrire. J’essaye d’écrire 1000 mots par jour, donc trois pages de roman… Il y a des jours où je suis meilleur et c’est fait en quelques heures et je m’arrête ou je continue si je suis sur ma lancée, et il y en a d’autres où ça me prend la journée. J’écris toujours avec mes écouteurs sur les oreilles, et j’écoute de la musique, ce qui me permet de rentrer dans une zone où j’oublie presque que je suis occupé à écrire…

Quel auteur aimez-vous ? Pensez-vous qu’il faille être bon lecteur pour être écrivain ?

Oui, je pense que c’est assez essentiel. Je parle en particulier pour le roman policier : Je pense que ça serait assez difficile pour un auteur qui n’en a pas beaucoup lu d’en écrire. Je ne dis pas que c’est impossible, il y a des exceptions mais en règle générale, je pense effectivement d’avoir été un grand lecteur facilite les choses. Et oui, j’ai des auteurs fétiches de policier : Simenon, Barbara Abel, Frank Thilliez, Michael Connelly,  …

Un conseil pour les jeunes qui aimeraient se mettre à l’écriture?

Oui, et il tient en un seul mot : Écrivez !

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Merci encore à l’auteur pour sa disponibilité et sa gentillesse !

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